La France a-t-elle vraiment intérêt à être un bon élève ?
Dans un monde en surcapacités chroniques, en concurrence âpre sur les biens de technologie intermédiaire, la France a-t-elle intérêt à relancer sa demande intérieure ?
Les capacités sont certes sous-utilisées … les marges sont compressées faute de demande solvable… Tous les symptômes du déficit de demande sont bien là mais n’étant pas à l’origine du déséquilibre, il est aisé de comprendre que la France ne peut éponger à elle seule les surcapacités du monde. Si elle adoptait une telle stratégie, elle aggraverait au final davantage encore le déficit de sa balance courante.
Doit-elle, a contrario, opter pour une stratégie de l’offre et notamment alléger les coûts des entreprises ?
Oui, mais il ne s’agit là que d’une stratégie défensive qui se dilue aussitôt dans la déflation des autres et la hausse de l’euro… Les gains d’une telle politique restent donc inévitablement limités et participent au final à la déflation fiscale et sociale sans fin qui est enclenchée en Europe. On ne peut donc recommander ce type de stratégie que par défaut et sans enthousiasme.
Doit-elle compléter cette politique défensive de court-terme par une politique structurelle plus ambitieuse ?
Oui mais s’il s’agit de chasser les coûts dans les services publics, d’instaurer un contrat de travail unique, de dérèglementer nos taxis, nos notaires, nos pharmaciens, de diminuer le SMIC …C’est-à-dire reprendre les recommandations de toutes les institutions bien-pensantes.
- C’est d’abord beaucoup de psychodrames, toujours plus de déflation et au final très peu de résultats positifs tangibles pour les citoyens.
- C’est ensuite, lever les derniers verrous protecteurs de la classe moyenne pour rentrer un peu plus dans une société polarisée entre hyper-riches et petits jobs précaires… cette société qui génère justement la déflation et la sous-consommation chez les bons élèves de la réforme.
Si par politique structurelle
on entend une vraie réforme de nos organisations, de l’Etat, de l’hôpital, de l’enseignement, de la recherche …. Il faut alors admettre que ce type de réforme, pour être vraiment ambitieuse a un coût transitoire… comme toute restructuration…Hors nos critères budgétaires européens nous l’interdisent.
Il reste me direz-vous une dernière issue…. Persévérer dans notre politique de subvention du travail peu qualifié
…. Étoffer toujours plus l’emploi dans le commerce, les petits services, l’hôtellerie, la restauration…. Libéraliser les professions réglementées… pour avoir bientôt autant d’avocats par habitant que la Grèce… reconvertir les laissé-pour-compte de l’emploi en chauffeurs de taxi en surnombre…. Alors oui, la France basculera vraiment dans le sud de l’Europe…
Ce sera l’assurance d’une productivité ralentie et de déséquilibres financiers toujours croissants. La France n’aura bientôt plus le choix. Une violente cure de rigueur expiatoire, sous tutelle de la Troïka… Finalement, face à nos impasses politiques et à notre faible incitation à être un bon élève, les pourfendeurs de la rente et les défenseurs d’une baisse des charges concentrée sur le smic ont peut-être trouvé la solution pour mettre au pas le cancre français.
Nota: cet article est également disponible en version video :
http://www.xerficanal.com/emission/Olivier-Passet_La-France-incitee-a-rester-le-cancre-de-l-Europe_1447.html



















































