Trains trop larges ou esprits trop étroits ?

La dépense de 50 M€ nécessitée par le mauvais calcul de la dimension de 341 wagons de trains régionaux futurs, ou de 1 300 quais de gares, a entrainé de grandes déclarations des leaders politiques.
La démission des dirigeants des deux entreprises concernées, la SNCF et Réseau Ferré de France, a même été réclamée. Essayons de réfléchir calmement à la question soulevée.
Budget d’investissement moyen annuel de la SNCF : 2,3 Mds€. Endettement net : 7,3 Mds€.
Budget d’investissement moyen annuel de RFF : 5,0 Mds€. Endettement net env. 34 Mds€.
En retenant un budget de 5 Mds€ annuel, 50 M€ représentent 50/5 000 = 1 %. Combien de budgets annuels d'investissements peuvent se targuer d’avoir moins de 1 % d’erreurs dans leurs calculs économiques ? On ne citera pas, par charité, d’autres exemples bien pires, en renvoyant simplement le lecteur aux Rapports annuels de la Cour des Comptes….
Néanmoins, supposons que l’anomalie ait été découverte plus tôt. Qu’aurait-on décidé ? Réduire la taille des trains ? Quelle aurait été la conséquence de cette dernière décision ? Des trains plus étroits donc transportant moins de passagers, donc moins rentables et une perte économique future lors de l’exploitation ? Celle-ci aurait peut-être été supérieure aux 50 M€… Ce qui nous ramène à considérer que la bonne décision a été prise, et non la décision inverse.
Qu’est-ce qui peut justifier que, tout à coup, des gens qui n’ont pas la rigueur économique chevillée au corps, puissent hurler pour 50 M€ ?
Rêvons un peu....
En fait, si l’on se penche sur le contexte général, on s’aperçoit que :
- des décisions doivent être prises sur l’organisation actuelle du transport ferroviaire en France,
- la séparation SNCF/RFF devait être reconsidérée pour satisfaire les exigences de concurrence demandées par l’Europe.
Dès lors, focaliser les attentions sur les difficultés de coopération entre les deux entités, et donc l’urgence d’une réorganisation, se conjuguent bien avec la remise en cause des dirigeants actuels.
Une occasion pour la sphère politique de reprendre la main sur des dossiers gérés par la technocratie. Est-ce vraiment mieux ?
Cette péripétie est intéressante si elle permet à l’opinion publique de prendre une leçon de calcul économique. Nous doutons que la pédagogie l’emporte sur les intérêts politiciens. Si le débat peut se porter sur les budgets du transport ferroviaire, le régime des retraites de la SNCF, la dette transférée de la SNCF à RFF, alors nous dépasserons largement les 50 M€, et peut-être que les citoyens bénéficieront enfin d’économies pérennes, mais là, le lecteur va nous dire qu’on rêve…
(Mis en ligne le 6 Juin 2014)


















































