Macron face aux migrants : et si l'UE instaurait la SEULE solution d'avenir, viable dans la durée?
A peine dévoilées les mesures envisagées par le gouvernement d’Emmanuel Macron pour régler nos problèmes migratoires, des débats à caractère idéologique enflamment l’opinion. Ces flux migratoires inquiètent très vivement les populations dans tous les pays européens, car elles y voient une réelle menace pour leur identité. Les dirigeants de l’Union Européenne paraissent totalement désarmés. Ils se bornent, pour l’instant, à répartir équitablement ces nouveaux arrivants entre les différents pays, et le Conseil européen des 14 et 15 décembre derniers, à Bruxelles, s’est à nouveau soldé par un échec. Voici une solution possible, peut-être même la seule qui s'inscrive dans la durée.
Il est bien évident, comme nous l’avait dit Michel Rocard, que « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». Les opposants à une politique de reconduite de tous ces migrants à la frontière s’abritent derrière la Convention européenne des droits de l’homme, et invoquent « la vocation humanitaire de la France ». On tente de faire le partage entre les migrants qui viennent pour des motifs économiques, et ceux qui cherchent refuge chez nous pour des raisons de sécurité. Finalement, le gouvernement va vraisemblablement accroître dans son projet de loi « immigration et asile » du printemps prochain les reconduites à la frontière, afin de marquer sa détermination à agir.
Mais ces dispositions, on le sait, ne régleront rien : la plupart de ces décisions ne seront pas exécutées, et rien n’empêchera toutes ces personnes refoulées de venir gonfler les rangs des arrivées l’année suivante. C’est la quadrature du cercle. Les pays en voie de développement se trouvent complètement dépassés par les phénomènes démographiques. Il y aura, d’ici à 2050, en Afrique, plus d’un milliard de personnes de plus qu’aujourd’hui : si déjà grand nombre de ses habitants fuient actuellement leurs pays respectifs faute de pouvoir y trouver des conditions d’existence acceptables, qu’en sera-t-il demain, d’autant que les évolutions climatiques annoncées vont aggraver la situation de leurs pays respectifs ?
La seule solution réaliste consiste à traiter le problème à sa racine : cela, on le sait, ne va pas être une mince affaire. Il va falloir, en effet, apporter une aide massive à tous ces pays qui sont des pays dits « en voie de développement », afin qu’ils puissent accélérer considérablement leur croissance. En échange, on exigerait d’eux qu’ils acceptent de réintégrer les migrants qui viennent frapper aux portes de l’Europe. Cela va demander des moyens considérables. Et ne pourra se faire qu’en adoptant une manière totalement nouvelle de faire de l’aide aux pays en voie de développement. Cette affaire est à traiter d’emblée au niveau européen, car aucun pays européen n’est assez puissant pour régler tout seul ce type de situation. C’est un enjeu qui concerne l’Europe toute entière, et seule l’Union Européenne, si l’on veut agir avec efficacité, est en mesure de mobiliser les moyens nécessaires.
Quelle est la situation actuelle?
Les pays développés ont bien pris conscience, depuis des années déjà, de la nécessité d’apporter leur concours aux pays « en voie de développement », et ils ont ainsi ,en 1960, pris devant les Nations Unies, l’engagement de consacrer chaque année 0,7 % de leur PNB à l’ «Aide Publique au Développement » (APD).Malheureusement, ces engagements, jusqu’ici, n’ont pas été tenus, puisque l’on n’en est qu’à la moitié seulement des montants promis, et ces aides sont apportées d’une manière totalement désordonnée et inefficace.
S’il est bien un sujet de controverse, aujourd’hui, entre experts, c’est le jugement à porter sur l’efficacité des APD, des aides qui n’ont cessé de croître d’ailleurs passant de 23 milliards de dollars en 1960 à 142,6 aujourd’hui. Beaucoup d’études ont montré qu’il n’y avait pas de corrélation évidente entre le montant des aides et le taux de croissance des pays aidés, car bon nombre de ces pays en voie de développement sont gérés avec trop de laxisme : la BIRD évalue ainsi à 30 ou 40 milliards de dollars le montant des fonds volés, chaque année, par des élites corrompues.
Il y a, d’un côté, les aides bilatérales et, de l’autre, les aides multilatérales, et les objectifs sont les plus divers : remboursement des dettes, fonctionnement des administrations, aide aux refugiés, paiement de très nombreux experts étrangers, frais d’assistance technique, etc….Le site Contrepoints rappelle que le Président Yoweri Museveni a déclaré, un jour, que l’Ouganda n’a pas besoin d’aide, mais de commerce avec les partenaires au développement. C’est, précisément, de cette manière , qu’opèrent aujourd’hui les Chinois en Afrique, et le FMI a reconnu que l’aide chinoise impacte positivement la croissance des pays africains. Il serait donc bon de s’inspirer des manières d’opérer des Chinois.
Quelle stratégie adopter ?
L’Europe, qui consacre aux pays en voie de développement 60 milliards d’euros d’aide chaque année, affecte environ 40 % de son aide aux pays africains, soit 24 milliards. Le reste concerne les pays en Asie, aux Caraïbes, et dans le Pacifique. S’agissant d’accélérer considérablement le développement économique des pays africains, l’effort financier à consentir va devoir être considérable : il va s’agir de prévoir un budget de quelque 100 à 110 milliards d’euros chaque année, pour le moins. C’est, d’ailleurs, le chiffre qui correspond aux engagements pris devant les Nations Unies, le PIB des 28 pays de l’UE se montant à un peu plus de 16.000 milliards d’€. L’Aide de l’Europe à l’Afrique passerait ainsi de 24 milliards d’€ à un peu plus de 100 milliards.
L’aide publique serait essentiellement destinée à la réalisation des infrastructures dont l’Afrique a un urgent besoin, et au soutien des investissements privés par l’alimentation d’un fonds d’assurance des ces investissements qu’il va falloir créer. Et il faudra, par ailleurs, que les pays africains s’ouvrent largement aux investissements privés, des investissements, il faut en être conscient, qui sont vitaux pour des pays en voie de développement. Ils sont, pour ces pays, le moteur de la croissance.
Actuellement, les IDE (Investissements Directs Etrangers) s’élèvent à quelque 800 milliards de US$, chaque année, dans le monde : 500 milliards s’orientent vers les pays asiatiques, et seulement 60 milliards vont dans les pays africains. Ces investissements permettent aux pays bénéficiaires d’acquérir les know-how qu’ils n’ont pas et de former leur main d’œuvre. Ce sont les acteurs étrangers qui permettent aux pays qui savent accueillir les IDE de nourrir leurs exportations, car des entrepreneurs locaux agissant seuls sont totalement incapables d’accéder aux marchés des pays développés. Les positions sur tous ces marchés sont déjà prises. Les tâches devront donc se répartir entre le secteur public et le secteur privé, les aides publiques étant dédiées à la réalisation des infrastructures et à la fourniture de biens d’équipement et des divers intrants pour l’agriculture, et les investissements privés permettant la mise en place d’un tissu industriel qui alimentera le marché local et les exportations.
Les Chinois nous montrent l’exemple. En Ethiopie, par exemple, ils ont créé une demi- douzaine de zones franches industrielles où les ouvriers sont encadrés par des personnels chinois, les salariés locaux vivant sur place dans des villages où flottent côte à côte les drapeaux éthiopien et chinois, et les exportations se faisant par le port de Djibouti. Le plus grand parc est celui de Awassa, construit par la China Communications Construction Company, un parc de 130 Ha qui comporte une quinzaine d’usines textiles.
Un enjeu important pour les entreprises françaises
C’est au niveau de l’Europe que cette stratégie de grande envergure doit être mise en œuvre, car seule l’UE dispose du poids et des moyens voulus pour négocier avec les pays concernés. Les pays européens devront renoncer à leurs pratiques d’aides bilatérales afin que se trouvent concentrés dans les mains de l’Europe tous les moyens financiers disponibles. Il va s’agir, en effet, de rendre l’Aide au Développement, cette fois, vraiment efficace en agissant beaucoup plus directement que précédemment.
Et, pour ce qui est des investissements privés, de les épauler en créant un organisme d’assurance des investissements en Afrique, à l’image de la MIGA créée à Washington par la BIRD. Si les investisseurs privés ne sont pas couverts par une assurance les protégeant contre les risques politiques, rien ne se passera. Ce fonds d’assurance des investissements privés pourrait concerner, à lui seul, 10 à 15 milliards d’€ chaque année.
L’Europe, à la manière toujours des Chinois, agirait sans assortir son aide de conditions particulières de « bonne gouvernance ». Finies les intrusions, donc, dans les affaires intérieures des pays aidés. Le temps presse, en effet, et il faut avancer.
Sur les quelque 100 milliards d’euros annuels d’aide, on peut estimer que 70 à 80 milliards se trouveraient consacrés, chaque année, à la réalisation d’infrastructures dans tous ces pays où les retards sont considérables : réalisation de voies de communication, création de réseaux d’adduction d’eau et d’électricité, barrages hydro-électriques, aménagements de nouveaux périmètres irrigués, etc..…
Tous ces travaux seraient confiés exclusivement à des entreprises européennes, et réalisés directement par l’office que créerait spécialement à cet effet l’UE, sans que les financements aient à transiter par les Etats africains, afin qu’il n’y ait pas de déperditions « en cours de route ». Et pour les entreprises européennes qui seraient aidées pour s’implanter sur le continent africain, s’ouvriraient de nouveaux marchés : il s’agira, demain, d’un continent peuplé de 2 milliards d’habitants.
Quel dialogue, avec les pays africains ?
Il faudra que les pays africains admettent, dans le cadre de cette nouvelle politique de coopération qui leur est proposée, qu’ils doivent accepter le retour chez eux de tous leurs nationaux que l’Europe leur renverra. Ces migrations posent, actuellement, beaucoup de problèmes politiques aux gouvernements des pays européens. Et, au demeurant, l’Europe se trouve à la veille de la révolution numérique, une révolution qui va détruire un très grand nombre d’emplois dans nos pays .Il faudra expliquer à nos partenaires africains que l’intelligence artificielle, les nanotechnologies, l’impression 3 D, et les objets connectés, vont bouleverser complètement les économies des pays développés : il s’agit de la quatrième révolution que connaissent les pays industriels, après celles de la vapeur, puis du moteur électrique, et ensuite de l’informatique. Selon une étude réalisée par l’Université d’Oxford, 47 % des emplois seraient menacés dans les pays développés, soit partiellement, soit en totalité. Et ce seront les travailleurs les moins qualifiés qui se trouveront les plus affectés. Johan Van Der Biest, gérant du fonds « Robotics de Candriam », souligne : « L’explosion de la puissance de calcul des machines et la baisse des coûts de production des robots changent totalement la donne ».L’Europe ne va donc plus pouvoir absorber tous ces arrivants venus des pays en voie de développement. Certes, conformément aux conventions internationales, elle continuera à accueillir les refugiés, c'est-à-dire les personnes qui se trouvent réellement menacées dans leur existence, notamment par des conflits meurtriers.
Avec la mise en place de la stratégie que nous venons d’esquisser à grands traits, il sera possible de rapatrier dans leur pays d’origine tous les migrants économiques arrivant en Europe, cette condition constituant la contrepartie obligatoire de l’aide massive à apporter à ces pays. Les vrais « refugiés », évidemment, seront accueillis, et leur nombre sera largement suffisant pour pallier aux besoins de main d’œuvre qui seront ceux, demain, des quelques pays européens connaissant un déficit démographique. Ce faisant, l’Europe pourra sauvegarder la cohésion de ses propres sociétés et permettre à ses habitants de conserver, comme une majorité le souhaite ardemment, leur identité et leur culture. Au plan moral, l’Europe, ce faisant, s’acquitterait de son devoir de solidarité envers les peuples démunis, une exigence qui relève de ses valeurs fondamentales.
( Mis en ligne le 17 Janvier 2018)






